Sermon du 50è anniversaire du GIL
Sermon du Rabbin François Garaï lors de l’office inaugural de l’année jubilaire du GIL – 6-7 décembre 2019
Nous sommes à Genève en janvier 1970. Le paysage comprend la Communauté israélite de Genève avec la “Grande” Synagogue et la Maison Juive, le groupe ultra-Orthodoxe Ma’hziké haDass, et une communauté libérale anglophone: la English Speaking Jewish Community dont je suis le rabbin.
Paul Brunschwig à qui je demande si une communauté libérale de langue française aurait sa place à Genève, réplique: pas avant une dizaine d’années. Mais Yvette, sa femme, est plus optimiste. Avec Claude et Nicole Bigar, elle organise des dîners qui aboutissent à la création d’un petit groupe composé d’eux-mêmes et de Freddy et Hans Hassberger, Gino Lévi auxquels viendront se joindre Isidore Bonstein et Selman Selvi. Un office de Pourim a lieu puis un Seder de Pessa’h, un office de Chavouot et un office du vendredi soir.
Au fil des mois, le bouche à oreille fonctionne et un groupe de travail se met en place. Un pari audacieux est pris: tenter l’expérience et voir si une communauté libérale a une raison d’être à Genève.
Dès le mois de Septembre 1970, les offices du soir du Chabbat deviennent réguliers. Les Grandes Fêtes sont célébrées dans la salle des Syndicats Patronaux. Un Talmud Torah est ouvert.
Une Assemblée constituante est convoquée le 7 décembre 1970. Elle adopte les statuts du GIL et élit son premier comité. Le GIL est créé. Il compte 26 familles et s’installe au 54 rue Moillebeau. Son histoire commence.
Le 10 novembre 1984, nous emménageons au Quai du Seujet et, le 15 mars 2010, nous inaugurons le Beith-GIL actuel.
Dans la Parachah de ce Chabbat, Jacob se réveille après le Songe de l’échelle et en réalise l’importance. L’histoire du GIL n’est pas un songe mais, comme l’a dit un rabbin, c’est un conte de fée.
Pourquoi?
Parce qu’en 1970, nous n’étions que quelques familles et, malgré ce petit nombre, le budget a toujours été équilibré. Claude Bigar recevait tous les mois un avis de la banque indiquant le montant nécessaire pour couvrir les dépenses. Il téléphonait à Yvette Brunschwig et à Philippe Nordmann qui, avec lui, s’étaient engagées à assurer l’équilibre financier du GIL. Le surlendemain, les fonds étaient disponibles sans que ces trois familles ne demandent un quelconque honneur en contrepartie. Leur générosité désintéressée, et celle d’autres encore, a fondé l’esprit égalitaire du GIL. Aucune place réservée, aucun honneur, aucun avantage accordé en fonction d’une participation financière.
L’égalité entre les membres, c’est cela le GIL.
Dès le début, nous nous affirmons comme une communauté juive libérale. Le hasard nous aide car, le 16 octobre 1971, la première Bar-Mitzvah est la Bat-Mitzvah de deux cousines. Pour la première fois à Genève, la lecture de la Torah est assurée par des jeunes filles. Et depuis le GIL continue à évoluer.
Une communauté traditionnelle ouverte au changement, c’est cela le GIL.